5 autres préjugés sur la perte auditive

Les préjugés qui vous empêchent de comprendre la perte auditive

Voici la suite de mon premier article au sujet des préjugés sur la perte auditive. J’aborderai ici cinq autres idées préconçues que j’ai déjà entendues ou subies un jour ou l’autre…

J’aimerais bien être sourd aussi, des fois, pour ne pas entendre les cons.

Il y a quelques variantes du genre : « Ah ça doit être reposant de ne pas entendre Machine glousser constamment/Truc ronfler/Bidule qui n’arrête jamais de parler« .

Alors oui, c’est sûr, on peut voir les choses comme ça. Mais est-ce que vous diriez à quelqu’un d’aveugle : « Ah ça doit être bien de ne pas voir une horreur du monde au choix ! » Ou à une personne en fauteuil roulant : « Ah ça doit être reposant de ne pas avoir à marcher ! »

Non, vous ne diriez pas cela parce que cela serait incroyablement insensible et malvenu ! Eh bien, c’est un peu pareil pour nous. C’est sûr, il y a un tas de bruits désagréables que nous n’entendons pas. Et il arrive que nous utilisions nous-mêmes cet argument pour essayer de nous sentir mieux, quand la souffrance de ne pas entendre comme il faut est trop forte. Mais l’entendre de la part de quelqu’un d’autre, cela revient à entendre quelqu’un d’autre nier ce que nous vivons, et diminuer énormément l’impact que notre perte auditive a sur notre vie.

J’entends bien que cela part peut-être (et même sûrement) d’un bon sentiment de la part de la personne qui dit de telles choses. Sûrement un effort de dédramatiser, de positiver, tout ça. Mais ce n’est pas ce que nous avons envie d’entendre, vraiment ! Nous avons besoin d’être écoutés et respectés avant tout.

Tu entends ce que tu veux bien entendre !

Je me souviens bien de quand j’étais petite. Mon grand-père, qui avait perdu son acuité auditive avec l’âge, avait une fâcheuse manie de comprendre ce qu’on ne voulait pas forcément qu’il comprenne, et par contre de ne pas comprendre ce qu’on essayait de lui dire.

Et je me souviens avoir entendu des membres de ma famille dire qu’il entendait ce qu’il voulait bien entendre, et qu’il avait une surdité sélective. Et à l’époque, je le croyais aussi. Et puis, j’ai perdu de l’audition aussi. Et je me suis rendu compte que non, on n’entend vraiment pas ce qu’on veut bien entendre. Ce n’est pas comme ça que ça marche, mais alors pas du tout !

En fait, il y a des jours où j’entends mieux que d’autres, des jours où je comprends une phrase dite en passant alors que la personne me tournait le dos. Et puis il y a des jours où on a beau me répéter 15 fois une phrase en me parlant assez fort, en face et en articulant bien, je ne parviens pas à la comprendre. La faculté que j’ai de comprendre certaines phrases plutôt que d’autres, à certains moments plutôt qu’à d’autres, dépend d’un tas de facteurs, comme mon état de fatigue, si la pièce résonne ou non, s’il y a du bruit de fond, ma capacité de concentration, et bien d’autres encore. Mais cela ne dépend en aucun cas de ma volonté.

Alors non, je n’entends pas ce que je VEUX bien entendre. J’entends ce que je parviens à entendre, et cela peut fluctuer énormément d’un jour à l’autre et même d’un moment à l’autre.

Pourquoi ne pas te faire implanter ? / Il doit bien y avoir un moyen d’opérer ça pour te rendre l’audition !

Ce serait vraiment bien si c’était le cas. Mais l’implant ou les opérations, d’abord, ce n’est pas pour tout le monde.

Comprenez-moi bien. Vous aurez peut-être entendu parler d’une personne de votre entourage qui avait perdu l’audition, et à qui il avait fallu une simple opération pour la retrouver. Et c’est vrai que c’est possible, dans des cas de surdités de transmission, en cas de problème avec les osselets par exemple. Mais cela ne marche pas pour toute le monde, parce que la cause de la perte auditive n’est pas forcément là.

Quant à l’implant, il s’agit d’un dispositif qui plante des électrodes dans la cochlée, la détruisant du même coup. Cela signifie que toute l’audition devient dépendante d’un appareil (et donc on obtient une qualité sonore numérique qui n’a rien à voir avec l’audition naturelle), et quand on l’enlève (pour dormir, se doucher, aller à la piscine, etc.), on n’entend absolument rien. Et puis, même pour les sourds, c’est une opération lourde et les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des attentes.

D’ailleurs, je viens de découvrir que ma surdité est due à une malformation génétique des cochlées, et il est probable que l’implant ne soit pas une option pour moi, même si je perdais complètement l’audition (c’est encore à vérifier, ceci dit).

Souvenez-vous donc que chaque surdité est différente, et que les « solutions » possibles diffèrent aussi d’une personne à l’autre. Et surtout, surtout, oubliez cette idée préconçue que la surdité est réparable dans tous les cas et qu’il est facile de « rendre l’audition » à quelqu’un ! Oui, on peut obtenir un meilleur confort d’écoute et une meilleure compréhension, grâce à la technologie ou à une opération, mais dans la plupart des cas, c’est vraiment le mieux qu’on puisse faire. Les situations où la surdité peut être « réparée » sont en fait plutôt rares.

Et c’est important que vous compreniez que même si nous avons un implant ou des appareils, nous restons des personnes sourdes ou malentendantes, et la technologie ne nous projette malheureusement pas dans la peau d’une personne entendante.

Tu dois pas être si sourde/malentendante que ça, tu as tout compris à la conversation !

Cette remarque, je l’ai déjà assez souvent entendue. Un jour où j’entends pas trop mal, parce que je suis en forme, parce que j’arrive à me concentrer, parce qu’il n’y a pas de bruit, parce que la personne avec qui je parle articule, est bien éclairée, etc. Dans ces cas-là, elle me fait plutôt plaisir, cette petite remarque. Parce que c’est un moment où je me sens plutôt bien, et je me dis qu’en fait c’est pas si grave, ma perte auditive.

Mais cela peut aussi se produire suite à une conversation que je n’ai pas tout à fait suivie, mais où je n’ai simplement pas fait répéter. Dans ces cas-là, je me rends compte que je suis devenue experte en bluff, et que ma capacité à faire semblant de suivre une conversation peut en tromper plus d’un.

Et dans ces cas-là, ce commentaire apparemment positif et anodin ne me fait pas plaisir. Il me met devant mes limites.

Parce que je n’aime pas bluffer. J’aimerais mieux ne pas avoir à le faire. J’aimerais vraiment mieux tout comprendre. Mais il arrive même que je ne me rende pas compte que je bluffe, parce qu’il s’agit d’un réflexe inconscient quand je n’ai pas compris quelque chose mais que je ne veux pas embêter mon interlocuteur en lui faisant répéter ce qu’il dit, ou parce que je me dis que ce n’est pas trop important donc pas trop grave (mais en fait je n’en sais rien !). Et il arrive aussi que je sois certaine d’avoir compris ce qui est dit, alors qu’en fait je suis complètement à côté. Ce genre de situation peut certes provoquer des quiproquos plutôt amusants (ou un peu humiliants, il faut bien le dire), mais encore faut-il que je m’en rende compte (en participant à la conversation de façon complètement erronée, par exemple). Si je ne réponds pas et que je me contente de sourire d’un air entendu ou de réagir avec une émotion appropriée, mon interlocuteur ne se rend absolument pas compte de mon manque de compréhension.

Bref. Cette observation est souvent un préjugé, parce que l’impression qu’elle exprime peut être totalement fausse.

Si tu es malentendante, ça doit pas te gêner, les bruits forts !

Là encore, c’est une idée préconçue qui s’avère souvent être inexacte. Pourquoi ? Eh bien, on peut être malentendant et hyperacousique en même temps !

C’est d’ailleurs mon cas. Qu’est-ce que ça veut dire ? Cela signifie qu’il me faut un certain volume (et une excellente clarté sonore) pour comprendre ce qui est dit, mais que trop de volume est très vite douloureux.

Les bruits forts ont toujours été difficiles à supporter pour moi, et j’ai d’ailleurs toujours eu des bouchons d’oreille avec moi pour protéger mon audition. Sans protection, je ne peux pas rester plus de quelques minutes dans un environnement très bruyant comme un bar avec de la musique à fort volume, une discothèque ou un concert.

Alors si vous pensez qu’en hurlant quelque chose, je comprendrai mieux, il y a de fortes chances que vous me fassiez juste peur.

Il y a sans aucun doute bien d’autres préjugés qui courent sur la surdité et la perte d’audition. Ceux que j’ai abordés sont les principaux que j’ai vus à l’oeuvre dans ma vie. Et vous, quels sont les préjugés que vous avez rencontrés ? Comment gérez-vous les situations où une personne vous assène une idée préconçue comme s’il s’agissait d’une évidence ?

Le bruit, cette toxine à apprivoiser

Le bruit, une véritable toxine

 

Aujourd’hui, c’est la Journée Nationale de l’Audition. Le thème abordé cet année, c’est les nuisances sonores et leurs impacts sur la santé. C’est un thème qui me tient à coeur, parce qu’il est la cause de bien des difficultés pour moi.

Le bruit, élément omniprésent de la vie moderne

Si, comme moi, vous habitez en ville (et encore, je suis dans une petite ville calme de province), vous êtes aussi certainement entouré d’un certain volume sonore, constamment. D’abord, le bruit de la circulation, jour et nuit. Et puis, les voisins qui parlent, crient, bricolent et vivent. Les travaux dans la rue et dans les bâtiments environnants, avec marteaux-piqueurs, perceuses et camions. Le chat qui miaule, le chien qui aboie (le vôtre, celui des voisins ou d’un passant). Les enfants qui jouent et crient à la récréation, dans l’école voisine. Les avions qui décollent et atterrissent, les trains qui passent, le métro, les bruits de moteurs, le hurlement d’une moto qui passe en accélérant et bien d’autres sources sonores qui peuplent notre quotidien auditif.

Et puis, il y a l’environnement de travail ! Imaginez le niveau constant de bruit dans un open space, où chaque employé passe la plus grande partie de son temps au téléphone. Ou dans une usine, avec les différentes machines.

Et même à la campagne il y a du bruit ! Les machines agricoles, les animaux, une vache malade dans la ferme voisine, des oiseaux, et ce même la nuit ! Je me souviens très nettement d’une nuit à la campagne où le cri strident d’une dame blanche m’avait empêché de dormir toute la nuit (sur le modèle : « je m’endors, elle crie, je m’endors, elle crie »).

Et pour s’isoler de ce bruit, que fait-on ? Eh bien, on met un casque sur les oreilles, avec de la musique assez forte pour couvrir le reste du bruit.

De nombreuses personnes ont de plus en plus de mal à supporter le silence, d’ailleurs. Il faut un bruit de fond, constamment. La radio, la télévision, de la musique, n’importe quoi pour couvrir ce silence qui devient inquiétant, parce qu’on n’y est plus habitué.

Les effets du bruit sur notre audition

Mais le bruit n’est pas quelque chose d’anodin. Tout ce volume sonore permanent n’est pas sans conséquences, et notre audition est la première à en faire les frais. La nocivité du bruit est liée à un certain nombre de paramètres, comme par exemple : la fréquence du son (les bruits aigus sont plus nocifs que les bruits graves), l’intensité (plus le son est fort, pire c’est), l’émergence et le rythme (un bruit soudain et imprévisible est plus nocif qu’un bruit continu de même volume), la durée d’exposition, et la vulnérabilité individuelle (nous ne sommes pas tous égaux face au bruit, alors à chacun de bien se connaître !), pour ne citer que les plus importants.

Il est communément admis que notre oreille est en danger à partir de 80 dB pendant 8 heures, soit une journée de travail. Et plus le volume augmente, plus la durée d’exposition doit être réduite. Et si le niveau sonore est vraiment très élevé, soit un volume supérieur à 135 dB (le décollage d’un avion, par exemple), toute exposition, même très courte, est dangereuse pour l’oreille.

La fatigue auditive

Le premier effet d’une exposition au bruit, c’est la fatigue auditive.

Comment la reconnaît-on ?

La fatigue auditive est une élévation temporaire des seuils d’audition, de l’ordre de 5 à 10 dB.

Cela signifie que, suite à une exposition au bruit, vous entendez moins bien. Si quelqu’un vous chuchote quelque chose à l’oreille, vous ne comprendrez pas ce qui vous est dit. Il est aussi possible que vos oreilles sifflent, que vous ayez du mal à vous concentrer et que vous soyez peut-être même un peu irritable.

Cette fatigue auditive est réversible, et il suffit d’un retour au silence pour que nos oreilles retrouvent leur acuité naturelle. Le temps de repos auditif nécessaire peut varier d’une personne à l’autre, et suivant le bruit auquel on a été exposé.

Malheureusement, on fait rarement attention au signal d’alarme que notre corps nous envoie, et si rien n’est fait, d’autres symptômes plus graves (et permanents) peuvent apparaître.

Les acouphènes

Les acouphènes peuvent être temporaires ou permanents.

De nombreuses causes, pathologies et situations peuvent être à l’origine des acouphènes. La fatigue auditive, et l’exposition au bruit, en est une.

Si vous avez des acouphènes, qu’ils soient temporaires ou permanents, qu’il s’agissent de sifflements ou de bourdonnements, il vaut mieux que vous alliez consulter. Les acouphènes sont souvent le signe d’un traumatisme sonore, et si vous pouvez éviter qu’ils ne deviennent permanents, je vous le souhaite de tout coeur !

La perte auditive

Au bout d’un certain temps, qui sera plus ou moins long suivant votre sensibilité au bruit, la durée d’exposition et l’intensité sonore à laquelle vous êtes exposé, les cellules ciliées de l’oreille interne seront touchées, et vous aurez là une perte d’audition irréversible.

Cette perte auditive est progressive, et continuera à s’accentuer tant que vous vous exposez au bruit.

L’hyperacousie

Il est aussi possible, suite à une exposition à une intensité sonore importante, de devenir hypersensible au bruit, même à des niveaux modérés. Des bruits courants deviennent alors insupportable. C’est ce qu’on appelle l’hyperacousie. Il est possible de souffrir d’une perte auditive ET d’hyperacousie, cela n’est pas forcément incompatible. C’est d’ailleurs mon cas.

S’il s’agit d’une réaction à un traumatisme sonore, cette hyperacousie peut disparaître, une fois l’oreille reposée.

Mais attention ! Il faut plus de 16 heures de repos à nos oreilles pour récupérer de 2 heures passées dans une discothèque à 105 dB !

Le bruit pour la personne malentendante

Le bruit, c’est la kryptonite du malentendant.

C’est vraiment l’élément perturbateur par excellence qui vient en rajouter une couche, en plus de notre difficulté de compréhension de base.

Pour moi, le bruit, c’est avant tout épuisant. Parce que pour parvenir à comprendre une conversation dans un environnement bruyant, il me faudra beaucoup plus de concentration que si j’étais dans un endroit calme. Et puis, mes appareils ont beau faire une différence entre le bruit de fond et la conversation qui se déroule, les bruits sont malgré tout amplifiés, et mon cerveau parvient à différencier tout cela pendant une durée plus ou moins longue (selon mon degré de fatigue, mon exposition précédente au bruit et le volume sonore environnant), mais au bout d’un moment il ne reste qu’un magma sonore, et mon seul désir est de m’en extraire à tout prix.

Les effets du bruit sur notre santé

Le bruit n’affecte pas seulement notre audition. C’est tout notre corps qui peut en souffrir.

Ce document explique que le bruit est capable d’influencer une partie des activités inconscientes de l’organisme (rythme cardiaque, respiration, digestion) de jour comme de nuit. D’où la possibilité de troubles cardiovasculaires et digestifs suite à une exposition de longue durée au bruit.

Troubles du sommeil

Evidemment, quand il y a du bruit, on dort moins bien, même si on ne s’en rend pas compte.

Mais cela va plus loin que ça ! Si on est exposé au bruit toute la journée, on dort moins bien la nuit ! (Voyez ce site qui explique que l’exposition au bruit pendant le travail a des conséquences négatives sur la qualité du sommeil.)

Alors là, c’est l’avantage d’être sourd ou malentendant : les bruits des voisins, de la rue ou autre, la nuit, nous dérangent moins que nos amis et conjoints entendants.

Stress

Le bruit constitue aussi un facteur de stress, que ce soit au travail ou ailleurs.

J’en suis particulièrement consciente depuis que j’ai perdu l’audition. Si le fait de passer plusieurs heures dans un environnement bruyant (café, restaurant, rue ou autre) m’épuise, cela me rend aussi irritable et stressée. J’ai beaucoup plus de mal à avoir des réactions calmes et sereines si je suis dans un environnement bruyant.

Si je suis dans une pièce qui résonne, entourée de beaucoup de personnes qui discutent (imaginez un hall devant une salle de concert ou de spectacle, avant de rentrer dans la salle), je ne tient pas très longtemps avant d’avoir le besoin incontrôlable de m’en échapper (que ce soit en entrant dans la salle ou en sortant complètement du bâtiment). Le bruit est tellement inconfortable que je sens mon rythme cardiaque et ma respiration s’accélérer, et mon degré d’anxiété augmenter. Et cette réaction est très difficile à contrôler.

Comment se protéger

Eviter les sources de bruit

Si vous êtes sensible au bruit, que vous avez déjà eu des symptômes de fatigue auditive ou des acouphènes, ou que vous avez une tendance à l’hyperacousie, alors ce n’est peut-être pas judicieux d’aller passer la nuit en boîte de nuit, ou d’aller à un festival de rock.

Certaines sources de bruit sont évitables, d’autres non. Si vous devez absolument aller dans un endroit où il y a de la musique forte ou d’autres sources de bruit, éloignez-vous des amplis ou autres générateurs de bruit ! Et protégez votre audition autant que possible.

Protéger son audition

Le meilleur moyen de protéger son audition, c’est de s’assurer d’avoir toujours des bouchons d’oreilles ou des protections auditives avec soi. Si vous êtes musicien, il est même possible d’obtenir des bouchons qui filtreront certaines fréquences nocives tout en laissant passer la musique. Certains audioprothésistes et magasins spécialisés en vendent.

Depuis mon adolescence, j’ai toujours eu des bouchons d’oreilles sur moi. C’est très utile pour les moments où on se retrouve dans un bar bruyant, ou pour les concerts ou autre. J’arrive à mettre les bouchons de telle sorte que j’entende quand même la musique, mais moins fort.

Baisser le volume

Quand c’est vous qui contrôlez le volume du son que vous écoutez, alors baissez le volume ! Qu’il s’agisse du son de votre lecteur MP3 dans vos écouteurs, ou de votre chaîne Hi-Fi lors de votre soirée avec des copains, ou même de la télévision, c’est une bonne habitude que de diminuer le volume autant que possible.

C’est peut-être cool d’écouter de la musique fort, mais avoir des bourdonnements d’oreille ou une perte auditive irréversible, ça l’est beaucoup moins !

Faire des pauses

Et enfin, le plus important peut-être, c’est de se ménager des pauses de son.

Vous ne pourrez peut-être pas contrôler tout votre environnement sonore. Mais restez à l’écoute de votre corps, et au moindre signe de fatigue auditive, accordez-vous une pause dans le silence (ou dans un volume sonore moins élevé).

Vos oreilles, et tout votre corps, vous remercieront de faire attention.

 

Journée Nationale de l’Audition : le 10 mars 2016

Journée Nationale de l'Audition 2016

 

Ce jeudi 10 mars 2016, soit deux jours après la journée des droits de la femme, c’est la Journée Nationale de l’Audition. A cette occasion, de nombreux partenaires de cette campagne proposeront des animations, sensibilisations, dépistages et autres sur le thème de l’audition et plus particulièrement du bruit.

Mais qu’est-ce que la Journée Nationale de l’Audition au juste ?

C’est l’association JNA qui a créé cette journée, il y a déjà 19 ans, pour promouvoir la « santé auditive ». Il s’agit là d’un concept de santé publique initié par cette association afin de sensibiliser les Français à la nécessité de mieux prendre en compte l’audition dans le cadre de leur santé. Aujourd’hui, les différentes associations de prévention relaient ce concept, tandis que de plus en plus de personnes se rendent compte de l’importance de préserver leur capital auditif autant que possible.

Chaque année, un thème différent est abordé, et cette année, c’est le bruit. Le but est donc d’alerter les gens sur les effets des expositions sonores et de leur accumulation sur la santé auditive. Car de nos jours, le bruit est partout, et ce volume sonore omniprésent est à l’origine de bien des déficiences et pathologies auditives, comme des pertes auditives, acouphènes et autres. Et cela concerne toutes les tranches d’âges !

 

L’occasion d’en apprendre plus sur l’audition

Lors de la journée de l’audition, jeudi 10 mars 2016, vous aurez de nombreuses opportunités de rencontrer de nombreux professionnels de l’audition, comme des audioprothésistes, orthophonistes, des associations, des services de médecine préventive, des institutions de retraite et de prévoyance, mutuelles de santé, et autres, qui seront là pour vous informer, vous sensibiliser et prévenir les risques auditifs.

Vous aurez ainsi la possibilité d’effectuer un bilan auditif ou de mesurer le niveau sonore dans votre environnement, par exemple. Vous pourrez aussi assister à des conférences ou ateliers, qui vous permettront d’en savoir davantage sur votre santé auditive.

Si vous souhaitez savoir quelles animations, initiatives ou actions de sensibilisation se déroulent près de chez vous, il vous suffira d’effectuer une recherche directement sur le site de la Journée Nationale de l’Audition, ici.

J’écrirai un article sur le bruit et ses effets à cette occasion.

Bonne Journée Nationale de l’Audition à tous !

 

Communiquer en groupe : l’enfer, c’est les autres ?

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« Tu viens demain ? »

Une petite question anodine, posée par un ami rencontré par hasard dans la rue. Une petite question qui déclenche chez moi de nombreuses interrogations et émotions, qu’il me faut gérer avant de pouvoir y répondre.

Qu’il s’agisse d’une rencontre avec des amis dans un café, d’une soirée prévue chez quelqu’un, ou même peut-être d’un repas, cela ne change pas grand chose.

Est-ce que je vais arriver à comprendre ?

Est-ce que je vais avoir l’énergie et la concentration de suivre ce qui est dit ?

Est-ce que ça vaut le coup d’y aller ?

Est-ce que je ne vais pas rentrer déprimée, me sentant exclue et seule ?

Aurai-je l’impression d’avoir perdu mon temps ?

Et toutes ces questions tournent en quelques secondes dans mon esprit surchauffé, jusqu’à ce que je parvienne à répondre, en général « oui » parce que malgré tout, je n’aime pas abandonner avant d’avoir essayé.

Mais une fois arrivée sur le lieu de rencontre en question, c’est un véritable parcours du combattant qui commence.

  • Le bruit

C’est la première chose.

Parce qu’une rencontre avec plusieurs personnes, c’est bruyant. Même si on se retrouve chez quelqu’un, que l’ambiance est calme et qu’il n’y a pas de musique en arrière-plan. Il suffit que l’on démarre une conversation où tout le monde s’enthousiasme, rit ou se passionne, pour que le niveau de décibels augmente.

Alors si en plus, on se retrouve dans un café, dans un restaurant, que la musique est forte ou simplement qu’il y a du bruit, alors cela complique drôlement la compréhension pour moi.

  • Les conversations croisées

Qui dit groupe de personnes dit des conversations qui s’entrechoquent, se croisent et se développent en parallèle.

Le brouhaha du groupe devient complètement incompréhensible, et même anxiogène, si je me retrouve prise au milieu de plusieurs conversations. A part m’extraire du groupe et me déplacer pour pouvoir tenter de suivre une seule conversation, ou converser avec une seule personne, je n’ai pas beaucoup d’options.

  • La lecture sur les lèvres est difficile

L’environnement est souvent trop sombre, mal éclairé, ou avec des contre-jours qui sont autant d’obstacles à la lecture labiale. Et s’il y a plusieurs personnes, elles ne pourront pas toutes être bien placées pour que je puisse voir leur visage et leurs lèvres.

Or, les mouvements des lèvres et du visage de l’interlocuteur sont une composante essentielle de la compréhension de la parole pour moi.

  • Les personnes sont trop éloignées

Quand on est en groupe, que l’on soit assis autour d’une table, debout dans une salle ou sur des canapés autour de tables basses, il y aura toujours une ou plusieurs personnes qui seront trop éloignées de moi, ou trop mal placées par rapport à moi pour que je comprenne ce qu’elles disent.

Il y aura aussi toujours des personnes qui parleront trop doucement, trop vite, ou pas assez clairement pour que je puisse suivre ce qu’elles disent, même si elles sont à côté de moi.

  • Qui parle ?

Dans une conversation naturelle à plusieurs, les gens s’interpellent, s’interrompent et les paroles fusent de l’un à l’autre. Et moi, j’ai du mal à savoir qui parle. Ou de quoi on parle, d’ailleurs.

Si je me concentre très fort sur une personne proche de moi, qui parle assez distinctement et dont je peux voir le visage, j’arrive à comprendre presque tout ce qu’elle dit. Mais si le sujet de la conversation n’est pas répété, eh bien, j’aurai compris l’opinion de cette personne sur… un sujet inconnu.

Les moments où je suis au milieu d’un groupe sont ceux où j’ai le plus conscience de mon isolement. Et quelquefois, c’est vraiment douloureux. Mais la plupart du temps, je parviens à faire en sorte que l’expérience en vaille le coup.

Comment ?

Alors déjà, j’évite les lieux bruyants autant que possible. Si je sais que la soirée est dans une salle de concert, qu’il va y avoir de la musique, ou que le lieu va être très bruyant pour une raison ou pour une autre, j’y réfléchis à deux fois avant d’y aller. Si mon objectif est de voir un concert, alors je m’arme de mes bouchons d’oreille et j’y vais. Et tant pis si je ne peux pas trop communiquer. Mais si l’objectif est de voir les gens et de leur parler, alors je sais que ce n’est pas la peine.

Ensuite, une fois sur place, je me rapproche physiquement des gens avec qui j’entame une conversation. C’est plus facile s’il s’agit d’un lieu où l’on peut circuler librement. Dans le cas où on est assis autour d’une table, j’aurai tendance à parler avec mes voisins directs uniquement (d’où l’importance de bien les choisir !).

Si je peux, je parle de mon problème d’audition. Cela peut se faire sous la forme d’un « J’ai décroché, là. Vous parlez de quoi ? » lancé à la cantonade. C’est ce que je ferai si je suis avec un groupe d’amis qui me connaissent et sont au courant de mon handicap.

Je peux aussi simplement expliquer à la personne avec qui je parle que je suis malentendante et que j’ai besoin qu’elle parle clairement et en me regardant pour que je la comprenne.

Si c’est possible, je privilégie la conversation avec une personne à la fois.

J’ai remarqué que du coup, j’ai tendance à avoir des conversations profondes et relativement intimes. Cela me demande tellement de concentration de suivre une conversation dans un environnement bruyant ou dans un groupe, qu’il faut que ça en vaille la peine ! Alors j’évite les bavardages insignifiants ou superficiels.

Et en dernier lieu, je passe par l’écrit. C’est là où c’est bien pratique d’avoir son smartphone à portée de main, avec une application de notes facile à utiliser. C’est comme si j’avais une ardoise, et le rétroéclairage permet de s’en servir même dans les lieux sombres.

Bien sûr, je n’utiliserais pas l’écrit pour mener toute une conversation avec quelqu’un que je connais peu. Mais c’est bien pratique, surtout quand l’environnement est très bruyant, de pouvoir échanger quelques mots avec mes proches de cette façon.

Au bout du compte, même si les situations de groupe restent difficiles pour moi, je m’arrange toujours pour avoir au moins une ou deux conversations significatives, qui me permettent de repartir le sourire aux lèvres, sachant que ma présence n’aura pas été totalement inutile ou invisible.

Et vous, comment gérez-vous les situations de groupe ? Comment les malentendants de votre entourage se comportent-ils en groupe ? Avez-vous trouvé des astuces qui vous aident à mieux communiquer ?