Découverte inattendue : La petite taiseuse

La petite taiseuse est un livre sur lequel je suis tombée en cherchant des livres sur la surdité dans le moteur de recherche de ma médiathèque locale.

La petite taiseuse, couvertureCe livre est sorti dans les résultats de recherche, et sans chercher à en savoir plus, je l’ai emprunté.

Et j’ai découvert à la lecture qu’il n’a rien à voir avec la perte auditive, en fait.

Je vous en parle quand même parce que c’est un petit bijou.La petite taiseuse : 4ème de couv

Une histoire très poétique, des dessins tout en finesse et en douceur qui m’ont un peu rappelé le trait d’Aliki dans Deux grand amis.

C’est l’histoire d’un village, et d’un moulin. Le meunier et le village ne communiquent pas. Jusqu’à ce que la vieille dame qui nourrit le meunier, en lui apportant un panier garni tous les matins, meure. Et là, c’est une petite fille qui prend la relève. Une petite fille que personne n’a jamais entendu parler.

C’est une histoire de préjugés qui enferment et s’envolent, portés par le Vent qui devient un véritable personnage.

Ce n’est pas une histoire de surdité, ou même d’audition, mais bien une histoire d’écoute, où la parole comme le silence sont sources d’émotions.

Je partage quelques photos ainsi qu’un petit peu de texte pour vous donner envie de découvrir cette petite histoire pour enfants et pour adultes, qui est certes mignonne mais qui va loin en profondeur. Et qui termine en beauté sur cette phrase :

« Et le pain, le jour suivant, ne fut pas moins bon. »

 

La petite taiseuse histoire La petite taiseuse illustration 1 La petite taiseuse illustration 2 La petite taiseuse illustration 3

Critique vidéo : Des mots dans les mains

Cette semaine, je vous fais découvrir une nouvelle bande dessinée ciblée sur une classe d’âge de l’école primaire : Des mots dans les mains.

La bande dessinée Des mots dans les mains

Comme je l’explique dans la vidéo, c’est une lecture plutôt sympa à entreprendre avec des enfants.

Par contre, les points que j’ai mentionné me gênent un peu, et donnent à voir une image de la surdité qui me paraît moins cohérente ou réaliste qu’elle aurait pu l’être.

Qu’en pensez-vous ? S’agit-il pour vous d’incohérences rédhibitoires ou de simples maladresses ?

Votre avis m’intéresse !

Le point sur les vidéos

Avec cette deuxième vidéo, j’ai essayé de parler plus lentement. J’ai aussi compris certaines petites choses au niveau du montage, j’ai utilisé des photos de l’album plutôt que des vidéos (beauuuuucoup plus facile à gérer !), et bref ! Je fais des progrès petit à petit ! J’ai aussi abandonné le logiciel de montage intégré dans YouTube pour tester iMovie, et finalement terminer sur Movie Maker. Si vous avez des recommandations de logiciels de montage gratuits et facile à utiliser, je suis preneuse !

Je continue à lire beaucoup sur le sujet de la surdité et de l’audition, et plus ça va, plus je découvre de nouveaux livres à lire sur le sujet.

Je ne sais plus trop par où commencer, à force ! Enfin si, d’abord, lire les livres empruntés à la bibliothèque, ensuite on verra.

Pour l’instant, je ne peux pas faire de vidéo chaque semaine, cela prend trop de temps. Je commence avec deux par mois, on verra par la suite si je deviens plus rapide et si j’arrive à accélérer la cadence.

En espérant pouvoir vous présenter bientôt une prochaine vidéo qui sera encore mieux !

Et n’oubliez pas, si vous ne voyez pas les sous-titres immédiatement, il vous suffira de les activer en cliquant sur le petit rectangle comme ci-dessous :

Ecoute mes lèvres, roman à découvrir

Ecoute mes lèvres est un livre que j’ai découvert grâce à une recherche du mot clé « surdité » sur le catalogue de la médiathèque de ma ville.

Ecoute mes lèvres

Il s’agit d’un roman pour adolescents d’un peu moins de 200 pages, écrit par Jana Novotny Hunter et publié en 2005 chez Bayard Jeunesse pour la version française, traduite de l’anglais (Etats-Unis).

L’écriture est très fluide (et la traduction aussi) et c’est un roman très agréable à lire qui plaira aux enfants dès le collège je pense, mais aussi aux adultes intéressés, pourquoi pas !

C’est l’histoire de Cat.

Cat est une jeune fille de 17 ans, sourde depuis ses 5 ans suite à une méningite. Elle étudie à l’institut des jeunes sourds de Californie.

Le roman commence par une brève introduction sur le ressenti de Cat au moment où elle s’est retrouvée sourde. Le personnage de Cat est convainquant, du haut de ses 5 ans, avec son sentiment d’être abandonnée par ses parents qui « l’avaient aimée tant qu’elle était en bonne santé, avec ses deux oreilles qui fonctionnaient, mais maintenant qu’elle n’entendait plus, qu’elle ne parlait plus, ils préféraient se débarrasser d’elle. »

Et c’est comme ça qu’elle ressent son inscription à la « cité des sourds », une école pour jeunes sourds où elle vit en internat depuis ce moment-là.

Dès le deuxième chapitre, on entre pleinement dans la vie quotidienne de Cat à la cité des sourds :  sa meilleure amie Bee, les profs, la vie à l’internat.

Et là, on apprend beaucoup de choses :

D’abord, on voit que l’institut pour jeunes sourds met en avant la communication totale, c’est à dire que les profs encouragent les étudiants à utiliser une communication orale ET la langue des signes.

Ensuite, on découvre qu’il y a un clivage entre oralistes, ceux qui sont adeptes de cette communication totale, et les signants qui préfèrent ne pas utiliser leur voix ni la lecture labiale, et communiquer en langue des signes.

Il s’agit vraiment de deux groupes qui s’affrontent, les oralistes qui font tout pour s’adapter au monde des entendants, et les signeurs qui pensent rester plus fidèles à leur identité en ne parlant pas et en utilisant exclusivement la langue des signes pour communiquer. Les signeurs pensent que les oralistes sont des traîtres à la cause des sourds, tandis que les oralistes raillent les signeurs qui ne veulent pas sortir de leur petit monde cloisonné.

Cat, au début du roman, est une signeuse pure et dure. Elle a même fait le serment avec sa meilleure amie de ne jamais avoir de contact avec l’extérieur !

Mais elle va rencontrer Joey qui est oraliste, et tomber amoureuse de lui. Bien sûr, ce nouvel intérêt amoureux bouleverse tout pour Cat, et cela va la pousser à aborder les choses différemment.

Elle se rend compte aussi que bientôt il va falloir qu’elle sorte de la cité des sourds, à la fin de ses études, pour affronter le monde extérieur, et cela lui donne envie de réapprendre à parler.

Cela va jeter le petit monde de la cité des sourds dans une tourmente où oralistes et signants vont s’affronter, Cat restant un peu coincée au milieu, jusqu’à une très belle résolution à la fin.

Ecoute mes lèvres est un roman qui m’a touchée.

A l’apparition de la surdité, Cat se sent rejetée et abandonnée par ses parents, et ses émotions sont très bien montrées. Tout comme son impression que la surdité disparaîtrait en grandissant, et l’horrible révélation que non, en fait, « quand on est sourd, c’est pour toujours ».

C’est une lecture que je conseille chaudement, parce qu’au-delà du thème de la surdité et des tensions qu’elle implique, le message est très humain :

Au bout du compte, c’est à chacun de choisir la communication et la façon de vivre qui lui convient.

Et c’est tout.

 

Critique vidéo : la surdité dans la BD Regarde-moi de Tito

 

Tadaaaaa ! Et voilà ma première vidéo !

Elle est pleine de défauts, bien trop longue, j’arrête pas de dire euh, en fait, eh bien et autres tics de langage, je regarde pas assez la caméra, c’est trop détaillé, trop sérieux, mais voilà, c’est ma première vidéo et je suis assez fière d’être allée jusqu’au bout. (Et aussi : OUF !)

Voici ce que j’ai appris lors du processus de préparation, tournage, montage (prise de tête) et sous-titrage :

  • C’est mieux de faire des vidéos après être allée chez le coiffeur qu’avant.
  • Il faut que je me détende un peu. Comme l’a dit ma mère très justement,  ce n’est qu’une BD, pas un faire part de nécrologie ! En bref, je suis tout à fait consciente que cette vidéo est beauuucoup trop sérieuse.
  • Il faut que je limite mes vidéos à 5 minutes, pas plus. Pour l’instant en tout cas. Celle-ci faisait plus de 14 minutes au tournage !!
  • NE JAMAIS PLUS UTILISER LE LOGICIEL DE MONTAGE DE YOUTUBE ! D’abord, parce que ça prend 6h pour télécharger une vidéo de 14 minutes sur YouTube, et ensuite parce que l’outil de montage est très frustrant. Par exemple, à chaque fois qu’on coupe ou qu’on insère quelque chose, la vidéo repart au début !! Et puis, qui dit montage sur YouTube dit il faut être en ligne constamment pour que tout se passe bien. J’ai donc perdu une heure de travail suite à une connexion défaillante (ce qui a provoqué une énorme envie d’envoyer mon ordinateur par la fenêtre, mais je vous rassure, j’ai résisté). Moralité : Plus jamais ça ! J’essaierai iMovie ou Movie Maker la prochaine fois.
  • Par contre, l’outil de sous-titrage de YouTube est vraiment très pratique. On peut faire la transcription d’un coup et ensuite ça ajuste les sous-titres là où il faut. Rapide et pratique ! Je continuerai de l’utiliser.
  • Il faut que je trouve une autre façon de terminer mes vidéos que par un au revoir digne d’un message laissé un répondeur.
  • C’est très difficile de filmer une vidéo en une seule prise sans bafouiller, sans oublier ce que je veux dire, où je veux en venir, et en regardant tout le temps la caméra. Comment donc font les gens qui y parviennent ? Si vous avez des conseils là-dessus, je suis preneuse !
  • Faire une vidéo signifie un temps de préparation conséquent si on veut que le tournage soit un minimum fluide. Rien de tel que de ne pas avoir préparé ce qu’on va dire pour se retrouver perdue au milieu de la vidéo, sans savoir de quoi parler ensuite.
  • Le montage prend beaucoup de temps. Plus que tout le reste. Par contre, le sous-titrage va plus vite que ce que j’aurai pensé.
  • Le chat ! Si je ne veux pas d’intrusions dans la vidéo, il faut que je m’arrange pour que le chat soit hors de la pièce quand je filme… Ceci dit, c’est plutôt drôle.

Voilà pour cette première expérience ! Les prochaines seront mieux, bien sûr !

Petite bibliographie sur la surdité

2016-04-02 18.41.00

 

Alors voilà, cette semaine j’ai beaucoup travaillé sur ma première vidéo, mais il me reste encore le montage et le sous-titrage à terminer. Je la posterai donc la semaine prochaine, et en attendant, je souhaitais partager avec vous ce que je prépare.

Je suis en train de rechercher, de découvrir et de lire tout un tas de livres et bandes dessinées qui abordent la surdité ou la perte auditive d’une façon ou d’une autre.

J’ai trouvé deux bandes dessinées pour l’instant, quelques romans pour adolescents et quelques romans ou auto-fictions pour adultes. Je n’ai pas encore tout lu, mais je suis en train de le faire, et vous pouvez vous attendre à des articles et vidéos sur ces ouvrages au cours des semaines à venir.

Voici donc les livres et BDs que j’ai trouvés, pour l’instant :

J’avais déjà écrit des articles sur :

Je me rends compte que très peu de ces livres sont récents, et la plupart sont parus il y a plus de dix ans. Il serait temps d’en trouver, ou d’en écrire de nouveaux !!

Avez-vous lu des fictions ou autobiographies qui abordent la surdité, qu’il s’agisse de romans, d’autobiographies, de biographies, d’auto-fictions, de livres pour enfants ou de bandes dessinées ? N’hésitez pas à partager des références et des avis, je serai ravie de découvrir de nouveaux livres !

Un livre d’illustration pour la Saint Valentin

Des mains pour dire je t'aime

J’ai reçu il y a quelque temps un mail d’une illustratrice, Pénélope, qui souhaitait m’inviter au vernissage de l’exposition qui a été organisée à l’occasion de la sortie de son livre, fin janvier. Malheureusement, le délai était un peu court pour me permettre d’aller à Paris, mais son projet a retenu mon attention. Elle m’a gentiment proposé de m’envoyer son livre, et me voici avec ce petit livre pas comme les autres entre les mains.

Des mains pour dire je t’aime

Le projet était de réaliser, avec une équipe de l’institut de jeunes sourds de Paris, un livre illustré sur le thème des mots doux. Comme Pénélope l’explique, ces mots doux n’existent pas en langue des signes alors ils les ont créés, et depuis ils ont été intégrés au vocabulaire de la langue des signes française. L’illustratrice souhaitait créer un livre qui soit destiné aux entendants et aux non-entendants, sans cloisonner les univers mais en les réunissant et en créant un échange. Génial ! Quelle belle idée !

Des mains pour dire je t'aime - petite fleur

L’illustration de « Petite fleur » avec le rabat ouvert

 

Des mains pour dire je t'aime - petite fleur rabat fermé

Illustration de « Petite fleur » avec le rabat fermé

Alors pour la Saint Valentin, il me paraît très juste de partager avec vous ce livre de mots d’amour. J’aime cette idée de créer un lien entre deux communautés qui sont souvent isolées l’une de l’autre. C’est aussi ce que j’essaie de faire : créer des liens entre malentendants et entendants pour que les malentendants puisse sortir de leur isolement.

Bien sûr, la langue des signes ne m’est pas familière, et je ne m’aventure donc pas sur ce terrain-là, sauf pour partager des projets comme celui-ci ! J’aime particulièrement l’idée de partager avec les entendants (et malentendants qui ne signent pas) la richesse et la poésie de la langue des signes.

Je ne peux que recommander à ceux d’entre vous qui sont sur Paris d’aller faire un tour à cette exposition, qui est à l’Institut National de Jeunes Sourds (Paris 5) depuis le 2 février et jusqu’au 18 mars.

Le dimanche 14 février de 11h à 13h, rencontre auteur au Divan jeunesse (Paris 15) – Bon, trop tard pour celle-ci !

A partir du 4 octobre exposition à la Bibliothèque Chaptal (Paris 9), rencontre auteur le jeudi 6 octobre de 19h à 21h.

Le livre sera disponible en librairie le 18 février.

Des nouveautés à partager

Ces derniers temps, j’ai découvert plusieurs nouveautés en lien avec la surdité.

J’aimerais vous en faire part ici.

Je suis pareil que toi

Je suis pareil que toi

Matthieu Boivineau, un jeune réalisateur, m’a contacté directement pour me faire découvrir son court-métrage intitulé Je suis pareil que toi.

Je partage avec vous son email, afin que vous compreniez sa démarche :

Je vous écris aujourd’hui pour vous faire part de la sortie du film  » Je suis pareil que toi « , mon dernier court-métrage autour de la langue des signes. Ayant réalisé plusieurs documentaires sur le monde de la surdité, j’ai très naturellement eu envie de défendre la cause des jeunes personnes atteintes de surdité par ce petit film de 2 minutes, réalisé avec la participation de jeunes sourds du centre Charlotte Blouin à Angers, avec en « guest » Vincent Novelli, champion du monde de tennis sourd.

Ce petit film très poétique et assez sensible raconte à travers les témoignages de jeunes sourds une multitude de gestes de la vie quotidienne et ambitionne de donner un autre regard sur la surdité. C’est sur le site du Festival Nikon que vous pourrez découvrir ce court-métrage ; http://www.festivalnikon.fr/video/2015/1567

Et le premier article sur le film sur le site handicap.fr : https://informations.handicap.fr/art-film-geste-reves-989-8513.php

Je vous laisse le découvrir et si vous voulez en parler autour de vous, sur les réseaux sociaux j’en serais ravi pour la cause que j’essaye de défendre par ce film !

J’ai visionné ce petit film avec bonheur, et je le partage pour que vous puissiez le découvrir (et voter pour lui, si le coeur vous en dit !).

Super Sourde

Super Sourde

Super Sourde est une bande dessinée de Cece Bell, auteure américaine de bandes dessinées et de livres pour enfants.

J’ai entendu parler de cette BD par hasard, en fait, et j’ai fini par l’acheter.

Aucun regret !

Cece y raconte comment, atteinte d’une méningite à l’âge de 4 ans, elle est rentrée de l’hôpital en ayant perdu l’audition. A partir de là, tout est plus compliqué : l’école, la maîtresse, les amis, et plus tard les amoureux.

J’ai trouvé ce livre drôle et émouvant à la fois. Et je me suis retrouvée dans de nombreuses difficultés rencontrées par Cece, y compris la difficulté à assumer la différence, la difficulté à expliquer aux gens comment nous parler pour que nous puissions comprendre, et le fait que même si on met la radio ou la télévision plus fort, cela ne garantit pas notre compréhension ! C’est juste du charabia, mais plus fort…

Si vous avez l’occasion de lire cette bande dessinée, de l’acheter ou de l’offrir, faites-le !

J’avancerai vers toi avec les yeux d’un Sourd

Sur le thème de la surdité et de la LSF de nouveau, ce film vient de sortir au cinéma mercredi dernier.

J’avancerai vers toi avec les yeux d’un Sourd est un film de Laetitia Carton, dont vous pouvez voir la bande annonce en cliquant ici.

Laetitia Carton décrit le film de la façon suivante :

Ce film est adressé à mon ami Vincent, mort il y a dix ans. Vincent était Sourd. Il m’avait initiée à la langue des signes. Je lui donne aujourd’hui des nouvelles de son pays, ce monde inconnu et fascinant, celui d’un peuple qui lutte pour défendre sa culture et son identité.

C’est un film que j’aimerais beaucoup voir, mais malheureusement il n’est pas programmé dans ma ville pour l’instant.

Vous trouverez en cliquant sur ce lien la liste des cinémas et des horaires des séances où le film est diffusé. N’hésitez pas !

Voilà pour les nouvelles pour l’instant !

Si vous avez d’autres informations sur des parutions, films, livres, événements en rapport avec la perte d’audition et la surdité, n’hésitez pas à commenter !

David Lodge ou la fiction des problèmes d’audition

2015-05-22 20.03.48

J’ai lu La vie en sourdine pour la première fois peu après sa sortie, en 2008 ou en 2009.

Cette fiction d’un professeur de linguistique malentendant à la retraite m’avait beaucoup parlé. Enfin un roman qui parlait de ce que je vivais au quotidien (le côté malentendant, hein, pas la retraite encore…) !

Que ce soit les moments où les piles des appareils tombent en panne, les façons diverses et variées que l’on imagine pour bluffer, faire comme si et d’une façon générale donner le change, ou les quiproquos qui peuvent en découler, tout était abordé !

L’écriture délicieuse de David Lodge, avec sa touche habituelle d’humour, sonnait juste. Porté par le vécu de l’auteur, qui a quitté l’université lui aussi vers l’âge de 52 ans pour se consacrer à l’écriture, mais aussi en raison de ses problèmes d’audition, le roman parle des ressentis liés à la perte d’audition avec une légèreté pleine de gravité.

Comme le dit Desmond, le personnage principal,

« la surdité est une sorte d’avant-goût de la mort, une très lente introduction au long silence dans lequel nous finirons tous par sombrer ».

C’est ainsi que, tout en faisant sourire, l’auteur évoque des thèmes tragiques, comme le handicap, la vieillesse et la mort.

Le moment délicat où le père de Desmond est pris d’une envie pressante sur l’autoroute, et ne parvient pas à arriver aux toilettes à temps, tout ça en raison d’un malentendu dû aux problèmes d’audition de part et d’autre, montre bien ce côté comique empreint de sérieux.

Les situations difficiles sont abordées avec légèreté, et les comportements dû à la perte auditive ressortent d’autant mieux :

Que ce soit la réticence initiale de Desmond à aller à ses cours de lecture labiale, ou sa réaction de parler pour ne pas avoir à écouter quand ses piles d’appareils auditifs lâchent juste avant une soirée, et jusqu’à la petite phrase coquine murmurée à l’oreille de sa femme qui est chuchotée trop fort pour que les autres convives n’en profitent pas aussi (mettant ainsi sa femme dans l’embarras).

C’était le premier roman que je lisais où tout était vu à travers le filtre de la perte d’audition. Et j’avais été enthousiasmée.

Je suis en train de le relire, et je me rends compte à quel point mon point de vue a changé en six ou sept ans.

Le roman est toujours bon, et drôle.

Le narrateur sait prendre la distance nécessaire avec son handicap pour en montrer les côtés amusants, qui touchent au ridicule.

 

Cependant, quelques éléments m’ont semblé incohérents à la deuxième lecture, alors qu’ils ne m’avaient pas sauté aux yeux la première fois.

En particulier le personnage qui, au milieu d’un environnement bruyant, tente d’écouter son interlocutrice en rapprochant son oreille de sa bouche, et en plongeant le regard dans son décolleté : peu probable. L’effet est amusant, mais il me semble qu’une personne malentendante aurait tendance à fixer la bouche de l’autre, peut-être en se rapprochant de façon presque gênante, mais pas à se couper du soutien visuel de la compréhension qu’est la lecture sur les lèvres (et ce, même si la personne n’a pas reçu de cours de lecture labiale. La compensation visuelle se fait automatiquement).

Et j’ai eu plus de mal avec certains termes employés. En effet, le narrateur se moque volontiers de lui-même, un « sourdingue », « dur de la feuille » qui va finir par être « sourd comme un pot ». Bien sûr, il s’agit là du parti pris de l’auteur, qui raconte l’histoire avec les mots de Desmond, son narrateur, qui dit lui-même que « La surdité est comique, alors que la cécité est tragique. » Mais peut-être que les mots choisis par les traducteurs sont un peu vieillots, et ce côté désuet rend la moquerie plus amère pour moi.

En relisant le roman, je découvre jusqu’où mon rapport avec ma surdité a évolué. A l’époque, j’en étais au tout début de mon cheminement, et j’avais beaucoup de mal à assumer ma perte auditive. Le livre avait eu l’effet d’une bouffée d’air frais, et j’en avais bien besoin.

Maintenant, j’assume de mieux en mieux. Ce n’est pas parfait, et il m’arrive encore de bluffer, mais de moins en moins. Et j’ai moins besoin de la bouffée d’air frais.

Du coup, je suis plus critique, je remarque plus rapidement les éléments qui me gênent. La lecture de La vie en sourdine en devient un peu moins délicieuse que la première fois.

Je recommande toujours chaudement ce roman, qu’il serait dommage d’ignorer. Et je serais intéressée, si vous l’avez lu, de savoir ce que vous en avez pensé.

Avez-vous lu d’autres romans ou livres ou vu des films qui abordent le thème de la malentendance ou de la surdité ? Vous y êtes-vous reconnus ? Qu’en avez-vous pensé ?

 

Livre : grandir avec des parents sourds quand on entend…

 

Je suis tombée par hasard sur ce livre, qui m’a été chaudement recommandé. Je m’y suis jetée à corps perdu, et je l’ai lu en quelques jours. Il se lit vite. Très vite même. Les premières lignes donnent bien le ton :

« Mes parents sont sourds.
Sourds-muets.
Moi pas. »

Et de là part une myriade de petits chapitres, longs de quelques paragraphes ou de quelques pages, remplis d’anecdotes savoureuses et d’émotions brutes. la difficulté de grandir avec des parents sourds quand on entend. L’envie de pouvoir partager les mots que l’on apprend, et que l’on aime, avec ses parents, mais l’impossibilité de le faire. La honte d’avoir des parents « différents ».

Le livre est vite lu, mais pas vite oublié. Des passages entiers restent en mémoire, comme celui où la narratrice adolescente rentre de l’école en criant « Salut, bande d’enculés ! » Et sa mère, qui n’a rien entendu, bien sûr, l’embrasse avec tendresse.

Véronique Poulain met en évidence, d’une façon crue et directe, sans tabou, mais non sans tendresse, le fossé qui sépare le monde des entendants de celui des sourds. Et son malaise, en grandissant avec une audition « normale », et se rendant compte que ses parents ne sont pas comme tout le monde, est très bien montré, tout comme la fierté qu’elle éprouve malgré tout à leur égard, et qui lui permet de terminer le livre sur une note très positive.

Cette lecture m’a fait réfléchir. L’écart entre le monde des sourds et celui des entendants est évident. Ce sont deux cultures, avec une langue, et une façon d’être bien distinctes. Mais qu’en est-il du monde des malentendants ? De ceux qui ne parlent pas la langue des signes, mais qui ne parviennent pas non plus à s’insérer parfaitement dans la culture orale sans aide ? Nous ne sommes pas complètement sourds, et surtout nous ne connaissons pas la langue des signes. Du coup, la culture sourde nous est inaccessible. Les efforts qui sont faits pour rendre la culture compréhensible aux sourds, grâce à des pièces de théâtre ou autres événements doublés en langue des signes, ne nous aident en rien. Nous sommes d’ailleurs tout aussi démunis face à un sourd signant qu’un entendant.

Et pourtant, la culture entendante ne nous est pas tout-à-fait accessible non plus. Les films, la musique, les pièces de théâtre, les conversations de groupe sont difficiles, sinon impossibles à suivre. Nous sommes entre les deux. Le fossé entre nous et ceux qui entendent bien est moins important que celui que décrit Véronique Poulain, mais il est bien là : une fissure, qui reste invisible aux yeux des autres, tout comme notre handicap. Le défi est quotidien, tandis que nous tentons tant bien que mal de trouver notre place au sein d’une société dans laquelle le son est primordial.

Nous aussi, nous sommes confrontés à cette honte d’être différent, cette peur d’être à côté, d’être en décalage, d’être ridicule. C’est souvent si tentant de s’isoler, de s’éloigner des gens, de se réfugier dans les livres, ou dans sa vie intérieure. Mais j’ai remarqué une chose : j’ai envie de me sentir vivante, de sentir que j’appartiens à l’espèce humaine, et que je ne suis pas une île, perdue au milieu d’un océan déchaîné. Et pour cela, il faut que je détermine ce qui est important pour moi, et que je parvienne à le faire, coûte que coûte et quoi qu’il en soit. Tout comme Evelyn Glennie, il suffit d’être passionné par quelque chose pour ne plus se laisser abattre. Il y aura toujours des hauts et des bas. Mais tant que les hauts dominent, tout cela en vaut bien la peine…

Et vous, avez-vous déjà trouvé une passion, ou une façon d’être qui vous aide à avancer malgré votre handicap ou d’autres difficultés ? Ou bien, avez-vous accompagné ou aidé quelqu’un dans une situation similaire ? Quelle a été votre expérience ? Quels sont les éléments qui vous font retomber, et ceux qui vous aident à aller mieux ?