Le bruit, cette toxine à apprivoiser

Le bruit, une véritable toxine

 

Aujourd’hui, c’est la Journée Nationale de l’Audition. Le thème abordé cet année, c’est les nuisances sonores et leurs impacts sur la santé. C’est un thème qui me tient à coeur, parce qu’il est la cause de bien des difficultés pour moi.

Le bruit, élément omniprésent de la vie moderne

Si, comme moi, vous habitez en ville (et encore, je suis dans une petite ville calme de province), vous êtes aussi certainement entouré d’un certain volume sonore, constamment. D’abord, le bruit de la circulation, jour et nuit. Et puis, les voisins qui parlent, crient, bricolent et vivent. Les travaux dans la rue et dans les bâtiments environnants, avec marteaux-piqueurs, perceuses et camions. Le chat qui miaule, le chien qui aboie (le vôtre, celui des voisins ou d’un passant). Les enfants qui jouent et crient à la récréation, dans l’école voisine. Les avions qui décollent et atterrissent, les trains qui passent, le métro, les bruits de moteurs, le hurlement d’une moto qui passe en accélérant et bien d’autres sources sonores qui peuplent notre quotidien auditif.

Et puis, il y a l’environnement de travail ! Imaginez le niveau constant de bruit dans un open space, où chaque employé passe la plus grande partie de son temps au téléphone. Ou dans une usine, avec les différentes machines.

Et même à la campagne il y a du bruit ! Les machines agricoles, les animaux, une vache malade dans la ferme voisine, des oiseaux, et ce même la nuit ! Je me souviens très nettement d’une nuit à la campagne où le cri strident d’une dame blanche m’avait empêché de dormir toute la nuit (sur le modèle : « je m’endors, elle crie, je m’endors, elle crie »).

Et pour s’isoler de ce bruit, que fait-on ? Eh bien, on met un casque sur les oreilles, avec de la musique assez forte pour couvrir le reste du bruit.

De nombreuses personnes ont de plus en plus de mal à supporter le silence, d’ailleurs. Il faut un bruit de fond, constamment. La radio, la télévision, de la musique, n’importe quoi pour couvrir ce silence qui devient inquiétant, parce qu’on n’y est plus habitué.

Les effets du bruit sur notre audition

Mais le bruit n’est pas quelque chose d’anodin. Tout ce volume sonore permanent n’est pas sans conséquences, et notre audition est la première à en faire les frais. La nocivité du bruit est liée à un certain nombre de paramètres, comme par exemple : la fréquence du son (les bruits aigus sont plus nocifs que les bruits graves), l’intensité (plus le son est fort, pire c’est), l’émergence et le rythme (un bruit soudain et imprévisible est plus nocif qu’un bruit continu de même volume), la durée d’exposition, et la vulnérabilité individuelle (nous ne sommes pas tous égaux face au bruit, alors à chacun de bien se connaître !), pour ne citer que les plus importants.

Il est communément admis que notre oreille est en danger à partir de 80 dB pendant 8 heures, soit une journée de travail. Et plus le volume augmente, plus la durée d’exposition doit être réduite. Et si le niveau sonore est vraiment très élevé, soit un volume supérieur à 135 dB (le décollage d’un avion, par exemple), toute exposition, même très courte, est dangereuse pour l’oreille.

La fatigue auditive

Le premier effet d’une exposition au bruit, c’est la fatigue auditive.

Comment la reconnaît-on ?

La fatigue auditive est une élévation temporaire des seuils d’audition, de l’ordre de 5 à 10 dB.

Cela signifie que, suite à une exposition au bruit, vous entendez moins bien. Si quelqu’un vous chuchote quelque chose à l’oreille, vous ne comprendrez pas ce qui vous est dit. Il est aussi possible que vos oreilles sifflent, que vous ayez du mal à vous concentrer et que vous soyez peut-être même un peu irritable.

Cette fatigue auditive est réversible, et il suffit d’un retour au silence pour que nos oreilles retrouvent leur acuité naturelle. Le temps de repos auditif nécessaire peut varier d’une personne à l’autre, et suivant le bruit auquel on a été exposé.

Malheureusement, on fait rarement attention au signal d’alarme que notre corps nous envoie, et si rien n’est fait, d’autres symptômes plus graves (et permanents) peuvent apparaître.

Les acouphènes

Les acouphènes peuvent être temporaires ou permanents.

De nombreuses causes, pathologies et situations peuvent être à l’origine des acouphènes. La fatigue auditive, et l’exposition au bruit, en est une.

Si vous avez des acouphènes, qu’ils soient temporaires ou permanents, qu’il s’agissent de sifflements ou de bourdonnements, il vaut mieux que vous alliez consulter. Les acouphènes sont souvent le signe d’un traumatisme sonore, et si vous pouvez éviter qu’ils ne deviennent permanents, je vous le souhaite de tout coeur !

La perte auditive

Au bout d’un certain temps, qui sera plus ou moins long suivant votre sensibilité au bruit, la durée d’exposition et l’intensité sonore à laquelle vous êtes exposé, les cellules ciliées de l’oreille interne seront touchées, et vous aurez là une perte d’audition irréversible.

Cette perte auditive est progressive, et continuera à s’accentuer tant que vous vous exposez au bruit.

L’hyperacousie

Il est aussi possible, suite à une exposition à une intensité sonore importante, de devenir hypersensible au bruit, même à des niveaux modérés. Des bruits courants deviennent alors insupportable. C’est ce qu’on appelle l’hyperacousie. Il est possible de souffrir d’une perte auditive ET d’hyperacousie, cela n’est pas forcément incompatible. C’est d’ailleurs mon cas.

S’il s’agit d’une réaction à un traumatisme sonore, cette hyperacousie peut disparaître, une fois l’oreille reposée.

Mais attention ! Il faut plus de 16 heures de repos à nos oreilles pour récupérer de 2 heures passées dans une discothèque à 105 dB !

Le bruit pour la personne malentendante

Le bruit, c’est la kryptonite du malentendant.

C’est vraiment l’élément perturbateur par excellence qui vient en rajouter une couche, en plus de notre difficulté de compréhension de base.

Pour moi, le bruit, c’est avant tout épuisant. Parce que pour parvenir à comprendre une conversation dans un environnement bruyant, il me faudra beaucoup plus de concentration que si j’étais dans un endroit calme. Et puis, mes appareils ont beau faire une différence entre le bruit de fond et la conversation qui se déroule, les bruits sont malgré tout amplifiés, et mon cerveau parvient à différencier tout cela pendant une durée plus ou moins longue (selon mon degré de fatigue, mon exposition précédente au bruit et le volume sonore environnant), mais au bout d’un moment il ne reste qu’un magma sonore, et mon seul désir est de m’en extraire à tout prix.

Les effets du bruit sur notre santé

Le bruit n’affecte pas seulement notre audition. C’est tout notre corps qui peut en souffrir.

Ce document explique que le bruit est capable d’influencer une partie des activités inconscientes de l’organisme (rythme cardiaque, respiration, digestion) de jour comme de nuit. D’où la possibilité de troubles cardiovasculaires et digestifs suite à une exposition de longue durée au bruit.

Troubles du sommeil

Evidemment, quand il y a du bruit, on dort moins bien, même si on ne s’en rend pas compte.

Mais cela va plus loin que ça ! Si on est exposé au bruit toute la journée, on dort moins bien la nuit ! (Voyez ce site qui explique que l’exposition au bruit pendant le travail a des conséquences négatives sur la qualité du sommeil.)

Alors là, c’est l’avantage d’être sourd ou malentendant : les bruits des voisins, de la rue ou autre, la nuit, nous dérangent moins que nos amis et conjoints entendants.

Stress

Le bruit constitue aussi un facteur de stress, que ce soit au travail ou ailleurs.

J’en suis particulièrement consciente depuis que j’ai perdu l’audition. Si le fait de passer plusieurs heures dans un environnement bruyant (café, restaurant, rue ou autre) m’épuise, cela me rend aussi irritable et stressée. J’ai beaucoup plus de mal à avoir des réactions calmes et sereines si je suis dans un environnement bruyant.

Si je suis dans une pièce qui résonne, entourée de beaucoup de personnes qui discutent (imaginez un hall devant une salle de concert ou de spectacle, avant de rentrer dans la salle), je ne tient pas très longtemps avant d’avoir le besoin incontrôlable de m’en échapper (que ce soit en entrant dans la salle ou en sortant complètement du bâtiment). Le bruit est tellement inconfortable que je sens mon rythme cardiaque et ma respiration s’accélérer, et mon degré d’anxiété augmenter. Et cette réaction est très difficile à contrôler.

Comment se protéger

Eviter les sources de bruit

Si vous êtes sensible au bruit, que vous avez déjà eu des symptômes de fatigue auditive ou des acouphènes, ou que vous avez une tendance à l’hyperacousie, alors ce n’est peut-être pas judicieux d’aller passer la nuit en boîte de nuit, ou d’aller à un festival de rock.

Certaines sources de bruit sont évitables, d’autres non. Si vous devez absolument aller dans un endroit où il y a de la musique forte ou d’autres sources de bruit, éloignez-vous des amplis ou autres générateurs de bruit ! Et protégez votre audition autant que possible.

Protéger son audition

Le meilleur moyen de protéger son audition, c’est de s’assurer d’avoir toujours des bouchons d’oreilles ou des protections auditives avec soi. Si vous êtes musicien, il est même possible d’obtenir des bouchons qui filtreront certaines fréquences nocives tout en laissant passer la musique. Certains audioprothésistes et magasins spécialisés en vendent.

Depuis mon adolescence, j’ai toujours eu des bouchons d’oreilles sur moi. C’est très utile pour les moments où on se retrouve dans un bar bruyant, ou pour les concerts ou autre. J’arrive à mettre les bouchons de telle sorte que j’entende quand même la musique, mais moins fort.

Baisser le volume

Quand c’est vous qui contrôlez le volume du son que vous écoutez, alors baissez le volume ! Qu’il s’agisse du son de votre lecteur MP3 dans vos écouteurs, ou de votre chaîne Hi-Fi lors de votre soirée avec des copains, ou même de la télévision, c’est une bonne habitude que de diminuer le volume autant que possible.

C’est peut-être cool d’écouter de la musique fort, mais avoir des bourdonnements d’oreille ou une perte auditive irréversible, ça l’est beaucoup moins !

Faire des pauses

Et enfin, le plus important peut-être, c’est de se ménager des pauses de son.

Vous ne pourrez peut-être pas contrôler tout votre environnement sonore. Mais restez à l’écoute de votre corps, et au moindre signe de fatigue auditive, accordez-vous une pause dans le silence (ou dans un volume sonore moins élevé).

Vos oreilles, et tout votre corps, vous remercieront de faire attention.

 

Les acouphènes, ennemis de la paix intérieure

Quand les acouphènes sont une véritable souffrance

Nous étions tous à la campagne, en train de nous promener nonchalamment le long d’une route bordée de fossés herbeux, lorsque quelqu’un s’extasia sur la qualité du silence qui régnait. Une autre personne renchérit sur le bonheur de la vie à la campagne, sans pollution sonore. Pendant ce temps, je tendais l’oreille, étonnée. Je posai alors la question révélatrice :

« Mais on entend bien une machine agricole, là, en arrière-plan, quand même ? »

Eh bien non, apparemment. Je retirai alors mes appareils et me bouchai les oreilles. Et en effet, la machine agricole, c’était dans mes oreilles.

C’est à cette occasion, il y a maintenant plusieurs années, que j’ai découvert que j’avais des acouphènes permanents.

Ces acouphènes-là ressemblent à un bourdonnement, ou un souffle, un peu comme un bruit de circulation constant. étant habituée à habiter en ville et à avoir un fond sonore constant, je m’y étais habituée, et n’avais jamais pensé que cette pollution sonore pouvait être interne.

Et ça, c’est juste l’acouphène constant ! Parce qu’après, il y en a d’autres, qui vont et qui viennent au gré des situations, de la fatigue, des émotions et sûrement d’autres facteurs que je n’ai pas encore découverts. Ces autres acouphènes se rajoutent au bourdonnement de base.

Un de ces acouphènes transitoires, c’est une sorte de sifflement, ou tintement. On dirait vaguement quelqu’un qui heurte un verre en cristal avec une cuillère, et ce de façon répétée. Celui-là arrive de temps en temps, et reste rarement longtemps. Quelques heures au plus. Il est assez désagréable, parce que je ne peux pas en faire abstraction comme pour le bourdonnement de base. Mais il n’est pas trop irritant, et il ne reste pas assez longtemps pour me faire tourner en bourrique.

Récemment, par contre, j’en ai eu un nouveau. Si je devais en faire une onomatopée, ce serait quelque chose comme Bvrrrrrt. Ou Bvrout, si on veut pouvoir le prononcer. Bref, si vous avez déjà appelé quelqu’un en Angleterre ou en Irlande sur un téléphone fixe, ça ressemblait un peu au son que l’on entend en attendant que l’interlocuteur décroche. Et ce son-là est resté dans mon oreille gauche pendant toute une journée, et a bien failli me rendre enragée. Il revenait à intervalle très régulier, comme le son du téléphone, dès qu’il y avait un peu de silence. C’était la première fois qu’un acouphène avait autant d’impact sur mon humeur et mes émotions.

Et là j’ai compris pourquoi les acouphènes avaient été pendant longtemps considérés comme une maladie mentale. L’acouphène en lui-même n’est pas un problème psychologique, certes, mais quand des sons envahissent nos oreilles et qu’on ne peut rien y faire, il y a de quoi perdre son équilibre mental !

Les acouphènes transitoires semblent se produire davantage dans mon oreille gauche que dans la droite, tandis que pour mon acouphène constant, eh bien, je serais bien incapable de dire dans quelle oreille je l’entends. Les deux, j’imagine.

Mais alors, qu’est-ce qu’un acouphène ?

C’est un bruit qu’on entend à l’intérieur d’une ou des deux oreilles sans stimulus sonore extérieur. Les acouphènes peuvent avoir de nombreuses causes, et apparemment nous sommes au moins 4 millions à en souffrir en France ! Et plus de la moitié des personnes qui ont des acouphènes n’ont jamais consulté à ce propos.

Ceci dit, moi non plus je n’ai jamais consulté pour cela. J’ai bien mentionné mes acouphènes à mon ORL ou à mon médecin généraliste à l’occasion, mais personne n’a jamais montré d’intérêt particulier par rapport à cela ni tenté d’en savoir plus à ce sujet. J’en ai donc conclu que ce n’était pas important. Mes acouphènes n’étant pas trop gênant, la plupart du temps, je n’ai pas non plus cherché plus loin.

Or, lors de la préparation de cet article, je suis tombée par hasard sur l’émission Allô Docteurs, sur France 5, dédiée justement aux acouphènes. Et j’ai appris des tas de choses !

En particulier que mes acouphènes semblent être dus à la surdité. L’ORL présente sur le plateau de l’émission explique qu’il y a un remaniement des voies auditives dû à la surdité, et que le fait qu’il n’y ait pas assez d’informations sonores qui parviennent au cerveau en raison de la perte auditive provoque des acouphènes. En gros, je n’entends pas assez de son, alors mon corps rajoute des acouphènes pour rééquilibrer le tout. Super !

Pas étonnant, du coup, que la plupart des gens avec une perte auditive souffrent aussi d’acouphènes.

Mais il existe aussi beaucoup d’autres genres d’acouphènes ! Il y a ceux qui peuvent être soulagés par une physiothérapie cervicale ou par la naturopathie, parce qu’ils sont dus à un trop-plein d’informations provenant des muscles du cou et autres systèmes, tandis que d’autres acouphènes peuvent être soignés grâce à des anti-inflammatoires, car ils proviennent d’une inflammation de la trompe d’Eustache, par exemple. Alors si vous avez des acouphènes suite à un rhume ou une infection des voies respiratoires, allez voir votre médecin ! Mieux vaut ne pas les laisser s’installer.

Comment vivre avec des acouphènes ?

Dans la majeure partie des cas, il ne s’agit pas de guérir ou d’éliminer complètement les acouphènes, mais bien plutôt d’apprendre à vivre avec.

Quand j’ai des acouphènes qui me gênent vraiment, j’écoute de la musique, je regarde la télévision, je vais voir des gens. Parce que le pire, c’est le silence, où l’acouphène va se révéler dans toute sa splendeur. Si j’écoute quelque chose, le son extérieur prend le pas sur l’acouphène.

Bien sûr, c’est ennuyeux quand c’est l’heure de dormir, ou si l’on est dans un espace silencieux où la situation ne permet pas d’écouter quelque chose.

Et puis surtout, il ne faut pas que ça dure trop longtemps, parce que l’écoute constante est épuisante et que j’ai absolument besoin de silence pour me reposer.

Pour l’instant, je n’ai encore rien essayé d’autre pour gérer les acouphènes, parce que je n’en ai pas eu besoin plus que ça. Mais quand j’en aurai besoin, je tenterai peut-être les techniques suivantes :

Et vous, comment gérez-vous vos acouphènes ? Quelle méthode fonctionne pour vous ? Avez-vous trouvé des thérapies ou approches qui marchent pour vous, et diminuent ou vous aident à supporter vos acouphènes ?

Perte d’audition – une vraie frustration

La frustration de la perte d'audition

Il y a des jours où je n’y arrive plus.

Il y a des jours où c’est juste insupportable.

Il y a des jours où ça me donne envie de hurler.

Si je viens de passer deux heures en compagnie d’amis, et que j’ai l’impression d’avoir compris moins de la moitié des conversations, par exemple. Ou si je sors du cinéma ou du théâtre et que je n’ai pas réussi à suivre l’intrigue du film ou spectacle que je viens de voir. Ou si mes acouphènes dans l’oreille gauche me donnent envie de me taper la tête contre les murs (ce qui n’aide absolument pas, d’ailleurs). Ou simplement les jours où je me sens si fatiguée à la fin (ou même au milieu) de la journée que j’ai envie de pleurer.

La frustration de ne pas entendre assez bien, de ne pas parvenir à suivre, et l’épuisement que mes efforts d’attention entraînent, tout cela crée une sorte de trop-plein qui vient à bout de toute ma patience, ma détermination et ma bienveillance envers moi-même.

Je n’en peux plus à ces moments-là.

Mes émotions jouent au yoyo, et je me sens victime de ces gènes tous pourris qui détruisent les cellules ciliaires de mon oreille interne. Pourquoi moi ? Je n’ai rien demandé, après tout !

Et puis je me sens triste. Triste de ne plus être capable d’entendre ce que j’entendais avant sans aucun problème. Triste de ne pas reconnaître mes chansons ou morceaux de musique préférés. Triste de ne plus pouvoir téléphoner à mes amis à l’étranger.

Alors je m’énerve. Pourquoi est-ce que tout le monde parle en marmonnant, sans me regarder et sans faire d’effort ? Pourquoi est-ce que je dois constamment rappeler aux autres que je n’entends pas bien ?

Et ça repart en boucle, et mon visage s’allonge, mon regard s’assombrit, et mon entourage se rend compte que ce n’est pas le moment de faire des blagues, ni même de me parler tout court.

Des périodes de frustration

Je traverse une de ces périodes en ce moment.

Je ne sais pas si c’est que j’accorde plus d’attention à tous les moments où je décroche, et à toutes les conversations que je ne parviens pas à suivre, mais j’ai l’impression que c’est pire qu’avant. Je me sens comme un navire en perdition dans la houle des mots incompris.

C’est effrayant.

Alors je trouve des outils, des petites choses, qui m’aident à me sentir mieux, et à sortir du trou de victimisation dans lequel je m’embourbe si je n’y prends pas garde.

Bien sûr, c’est à chaque personne de trouver des outils qui lui conviennent. J’ai trouvé un article (en anglais) de Shari Eberts qui détaille les moyens qu’elle a trouvé pour gérer la frustration qui semble inévitablement découler d’une perte d’audition. Ceux que j’ai trouvés sont finalement très similaires !

Des outils pour en sortir

  • Faire des pauses

Je remarque que les moments où je me sens le plus mal sont les moments où je viens d’avoir à me concentrer très fort pour essayer de suivre une conversation, une conférence, une réunion. J’ai dépensé beaucoup d’énergie pour peu de résultats, finalement, et je suis non seulement frustrée, je suis aussi épuisée. Le fait de prendre quelques instants pour être seule, lire quelque chose, faire une sieste ou prendre une douche bien chaude me permettent de passer par-dessus le moment le plus douloureux de l’émotion que je traverse.

  • Prendre le temps de s’occuper de soi

Il s’agit là plus d’une hygiène de vie que d’un outil à utiliser dans l’urgence.

Si je prends le temps de me sentir bien avec moi-même, de faire de l’exercice, de méditer, de dormir assez et de faire les choses qui sont importantes pour moi, j’ai beaucoup moins les nerfs à vif, et j’arrive à mieux vivre ma perte auditive en général. Et je parviendrai ainsi à sortir plus vite des émotions difficiles qui peuvent me submerger.

Dans les périodes de frustration, c’est donc d’autant plus important que je prenne soin de moi.

  • Se concentrer sur ce qui va bien

Alors ça, ce n’est pas évident à faire quand on est en plein milieu de l’émotion. C’est même presque impossible.

Une fois qu’on a passé le plus difficile et qu’on recommence à voir la lumière au bout du tunnel, par contre, c’est une bonne habitude à prendre. J’ai tendance à naturellement me concentrer sur ce qui est positif dans ma vie. Mes amis, mon travail, mon blog, mes divers projets d’écriture, la nature, mon chat, ma famille, et toutes les conversations et activités intéressantes que je parviens à suivre.

Parce que c’est mon habitude, j’ai la chance d’y revenir assez vite, même après avoir eu l’impression que ma perte auditive, c’était assurément la fin du monde.

  • En parler

Cela m’aide beaucoup de pouvoir en parler. D’une part, ce blog est déjà un outil qui m’aide à sortir de ces émotions, puisqu’il me permet de partager ce que je vis et d’avoir des retours d’autres personnes qui vivent des situations similaires, ou qui comprennent ce que je traverse. Ce sentiment de communauté est essentiel, et me permet de mieux vivre la frustration.

D’autre part, c’est très utile d’avoir un accompagnement psychologique, un groupe de parole, un forum de malentendants, ou même un cercle d’amis qui peuvent comprendre et nous apporter l’empathie dont nous avons besoin dans les moments les plus difficiles. La bienveillance de mes proches est très apaisante dans ces moments-là, et elle m’aide à renverser la vapeur et à retrouver une certaine bienveillance envers moi-même.

 

Et vous, quels outils avez-vous trouvés pour sortir des émotions difficiles liées à la perte auditive (ou à d’autres situations difficiles) ? Comment gérez-vous ces situations de frustration ?

Perte d’audition : 5 signes qui doivent vous alerter

Vous avez des doutes par rapport à votre audition ? Vous avez l’impression d’entendre moins bien qu’avant ? Vos proches vous ont déjà conseillé d’aller faire vérifier vos oreilles ?

Voici quelques signes qui, s’ils ne sont pas infaillibles, devraient vous mettre la ‘puce à l’oreille’ et vous inciter à aller consulter.

malentendant en difficulté

Pas toujours facile d’entendre moins bien…

1. Vous faites répéter.

Attention ! Tout le monde fait répéter les autres à l’occasion. Il suffit d’être distrait par un mouvement, qu’un bruit couvre momentanément la conversation, ou qu’on soit tout simplement fatigué pour avoir plus de mal à comprendre les paroles des personnes que l’on côtoie. Ce n’est donc pas la peine d’être à l’affût de la moindre incompréhension. Si par contre vous vous rendez compte que vous comprenez certaines personnes moins bien qu’avant, et ce de façon régulière, ou que vous faites répéter tout le monde à moins d’être absolument en face de la personne qui parle et sans aucun bruit autour, c’est là un premier signe à prendre en compte.

2.  Vous écoutez la télé, la radio ou votre lecteur MP3 plus fort.

Vous augmentez systématiquement le son de la télé même quand les enfants sont calmes ? Votre conjoint ou famille se plaint que vous écoutez la radio trop fort ? Et vous écoutez votre musique plus fort qu’il y a quelque temps ? Ces situations devraient aussi vous inciter à consulter. Vous pouvez faire un petit test pour confirmer cette première impression : laissez votre conjoint ou vos enfants régler le son de la télé ou de la radio à un volume confortable pour eux. Arrivez-vous à suivre une émission ou un film à ce volume-là ? Si ce n’est pas le cas, prenez rendez-vous pour un audiogramme.

3. Vous n’entendez plus un certain son.

C’est ce qui m’est arrivé avec les moustiques. Si vous n’entendez plus un certain chant d’oiseau, les bourdonnements d’insectes, si vous ne percevez plus le ronronnement de l’aération de la salle-de-bain ou celui de votre chat, alors il est parfaitement possible que vous ayez perdu de la capacité auditive au niveau de certaines fréquences. Cela peut peut avoir un impact plus ou moins important sur votre compréhension de la parole, et vous pouvez avoir perdu en précision à d’autres niveaux. Il est donc recommandé d’aller faire vérifier votre audition.

4. Vous avez des acouphènes.

Les acouphènes sont des sons que vous entendez qui semblent provenir de l’intérieur de l’oreille. Cela signifie que même si vous bouchez vos oreilles, vous les entendrez. Il s’agit en général de sons de faible volume, des bourdonnements ou des sifflements le plus souvent, qui peuvent être extrêmement désagréables et même empêcher le sommeil ou la concentration sur autre chose. Les acouphènes en eux-mêmes ne sont pas un signe de perte d’audition. Vous pouvez avoir des acouphènes pour de nombreuses autres raisons. Par contre, les acouphènes accompagnent souvent une perte auditive, et c’est pourquoi il est bon de faire vérifier votre audition. De nombreuses personnes vont être sujettes à des acouphènes ou des bourdonnements d’oreilles après un concert, une soirée en boîte de nuit, ou une exposition à un son très fort et prolongé. Dans ce cas-là, l’oreille peut avoir été endommagée. Si vous êtes dans un environnement bruyant, ou que vous allez à un concert ou festival de musique, pensez à protéger votre audition en utilisant des bouchons d’oreilles, en restant à l’écart des amplis, et en vous éloignant du bruit régulièrement. Et si vous avez des acouphènes persistants suite à un événement bruyant, allez voir votre ORL.

5. Vous ne reconnaissez plus certaines chansons.

Vous êtes au supermarché, et soudain votre conjoint se met à fredonner une mélodie. Vous le regardez avec perplexité, et il vous fait signe qu’il chantonne la chanson qui est en train de passer. Vous tendez l’oreille et entendez vaguement un rythme accentué à la batterie, et peut-être d’autres sons, mais vous ne parvenez pas à identifier la chanson. « Mais si, c’est titre d’une chanson que vous connaissez bien ! ». Vous tendez l’oreille, mais non. Pas moyen de reconnaître la chanson en question. Si cette situation vous arrive, ou si vous avez du mal à reconnaître certaines chansons ou musiques, ou à entendre certains instruments quand le système de sonorisation n’est pas d’excellente qualité, ou quand il y a du bruit autour, et surtout si les autres autour de vous semblent y parvenir sans problème, alors allez consulter.

Si vous vous êtes reconnu dans plusieurs des points ci-dessus, alors il est possible que vous ayez perdu de l’audition. Vous aurez peut-être envie d’ignorer cet article et de continuer votre vie comme si de rien n’était (je comprends, je l’ai fait aussi), mais si vous le pouvez, il est préférable de prendre rendez-vous avec votre ORL. Faites vérifier vos oreilles, faites faire un audiogramme. Au mieux vous serez rassuré, au pire vous pourrez affronter le problème directement. Vous n’êtes pas seul dans votre cas, et vous pourrez trouver de l’aide et une écoute bienveillante auprès d’une association de votre région, de certains forums ou de ce blog.

Et vous, avez-vous fait l’expérience de ces situations ? Ou bien vous êtes-vous rendu compte de votre perte d’audition d’une autre manière ?

Avez-vous remarqué ces signes chez un proche ? Comment avez-vous géré cette première étape de prise de conscience d’un problème auditif, chez vous ou chez un proche ?